Le Jazz apparaît aux Etats-Unis au début du XXème siècle en prenant racine dans les musiques africaines et européennes. Africaines, d’une part avec les chants des travailleurs noirs (work songs), les negro spirituals, le gospel et surtout le blues. Mais le Jazz s’inspire également de la musique des blancs : fanfares, mazurkas ou musiques de cirque. S’ajoutent à ces influences le ragtime (pièce pour piano écrite) et le boogie woogie (plus improvisé). Le Jazz est donc une musique très métissée qui pendant ses premières années n’aura même pas de nom. Son histoire est intimement liée à la lutte pour les droits civiques menée par les afro-américains.
La Nouvelle-Orléans, ville très métissée, est considérée comme le berceau du Jazz. La ville va donc donner son nom à son premier courant, même si le centre d’intérêt va se déplacer vers Chicago à partir de 1918. Le Jazz New Orleans est très influencé par les ragtimes et le blues, et Sidney Bechet et surtout Louis Armstrong jouent les premiers rôles. Les mélodies sont improvisées, vives et inventives, et rythmées notamment par la batterie qui est une invention du Jazz.
Peu à peu, les musiciens noirs détournent les mélodies des fanfares, déforment leur rythme avec une façon particulière de marquer la pulsation : le Swing naît. Ce courant est surtout caractérisé par les grands orchestres (big bands) et le « swing », pulsation très balancée qui fait bouger et danser le public qui a besoin de divertissement dans une période économique difficiel. Le répertoire des grands orchestres (Duke Ellington et Count Basie) reprend les airs des comédies musicales les plus célèbres avec une importance donnée aux cuivres.
Le Be-Bop naît à New York (Harlem) au début des années 40. Les musiciens noirs qui ne trouvaient plus leur compte dans la musique de danse se rassemblent tous les soirs en petites formations pour jouer une musique plus moderne. Les boppers revisitent les standards et créent leurs propres mélodies, enrichissent l’harmonie et modifient profondément les rythmes. De solistes comme Charlie Parker ou Dizzy Gillespie font preuve d’une virtuosité époustouflante. Les boppers écartent tout ce qui est joli et rassurant et s’affrontent dans des joutes instrumentales enfiévrées.
Le Cool est une approche du Jazz plus calme que le Be-Bop. Miles Davis inaugure ce courant au tournant des années 49/50 en jouant une musique plus lente et plus aérée même si les musiciens les plus connus et admirés sont majoritairement blancs. Le Cool basculera vers le Jazz Modal avec des créations de douces atmosphères aux tempos lents, véritables invitations à la rêverie. Face à cette suprématie des blancs, les musiciens noirs réagissent avec le Hard Bop en complexifiant les grilles et les harmonies. Le public découvre les solos virtuoses de John Coltrane.
Le Free Jazz d’Ornette Coleman remet tout en cause. Cette prise de position militante et artistique (retour aux sources) est relayée par le pianiste Cécil Taylor et surtout le saxophoniste Arshie Shepp. Les musiciens retrouvent l’improvisation collective pour élaborer une nouvelle texture, multiplier les combinaisons et les structures sonores. Ils restent attachés à la tradition noire : ils braillent, vocifèrent, éructent comme autrefois les hurleurs sur les places publiques.
A la fin des années 70, les musiciens s’imprègnent des différents courants populaires qui ont détrôné le Jazz dès les années 50 avec le Rock et la Soul notamment. Le Jazz va se diversifier et se ramifier en plusieurs courants : Jazz électrique et Acid Jazz des années 70, Jazz Rock des années 80, Jazz électronique des années 2000… C’est l’ère du Jazz Fusion.
Jean Cocteau et le Groupe des Six (pour une musique « française »), Django Reinhardt (et son Jazz manouche) et Stéphane Grappelli (Quintette du Hot Club de France), Charles Delaunay et la découverte du Be-Bop, le Free de François Tusques, Michel Portal et le Jazz contemporain vont inscrire durablement la France comme un pays qui compte pour le Jazz.
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